La pénétration d’un volume à une vitesse élevée est l’un des enjeux majeurs de notre époque. Elle a fait évoluer le sens même de l’espace terrestre comme distance, volume, renvoyant ses limites aux confins de la stratosphère. Le mouvement d’accélération amorcé par l’avènement des rames de train express aux États-Unis dans les années 30, dit Streamliner, a ouvert la voie à la rapidité actuelle de la circulation des informations. Désormais c’est à la vitesse de la lumière que les données transitent d’un bout à l’autre du globe. Découle alors de cette nouvelle ère, un espace modifié, un espace-temps densifié. Pourtant, si la naissance de machines adaptée à la haute célérité a donné lieu à un mouvement de design dit de style Streamline, connu pour ces formes galbées caractéristiques, les changements actuels ne semblent pas s’incarner dans une esthétique particulière. Les artistes invités pour l’exposition Streamliner - Valentina Pini, Sarah Lis, Benjamin Baudet, Clément Laigle et Luc Mattenberger - tentent d’en cerner ses nouvelles frontières, de sonder sa matérialité, de le comprimer, faisant de cet espace altéré un acteur de leurs démarches. Usant du roadmovie, de murs tombant à la renverse, d’angles rognés par des masses volumineuses, envahissant l’air de Halle Nord au moyen d’un nuage aux origines mécaniques, ils offrent une lecture singulière de cette compression spatiale.

Valentini Pini a bénéficié du soutien du FMAC_Genève pour cette exposition.