jeudi 18 janvier 2024 dès 16h
En collaboration avec Sophie Le Meillour, artiste visuelle transmedia et Simone Aubert, artiste pluridisciplinaire, compositrice.
Synapse(s)
Synapse(s) est une plongée dans un espace malléable que Katia Orlandi a conçu comme un ensemble de propositions que nous connectons par l’expérience du corps. Le mode immersif nous impliquant de manière inextricable dans des dimensions sensorielles autres, il permet des rencontres avec une diversité de représentations et d’objets : des figures qui s’animent et se combinent. Le dispositif soigneusement réfléchi révèle des niveaux de communications et de transmissions entre les choses comme s’il s’agissait de nos propres synapses. Ainsi, les gestes artistiques et plastiques sont démultipliés non pas pour complexifier les lectures possibles du travail mais pour en suggérer de nouvelles.
Si les lignes fluides et harmonieuses du dessin de Katia Orlandi nous éloignent d’un sentiment de complexité, la mise en œuvre de l’installation donne le vertige. Elle favorise d’abord notre capacité d’imagination faisant s’évaporer la fine membrane qui sépare l’illusion de la réalité. Difficile de dire par quoi ça commence. Un dessin, une vibration ? Un dessin qui semble déjà s’animer ? Des lignes glissantes mais jamais fuyantes ? L’absence d’effet perspectif est notoire chez Katia Orlandi car l’espace est infini, révélant par là-même notre solitude existentielle.
Résultat de plusieurs années d’exploration graphique, cette cosmogonie singulière trouve son origine autant dans l’iconographie religieuse et moyenâgeuse que dans l’imagerie extraterrestre ou biologique. Ainsi une main à quatre doigts (qui est toujours le cas chez l’artiste) croise de petits êtres qui courent, des animaux mi-femmes-mi-hommes, des sortes de poissons avec des jambes, des lignes comme des réseaux sanguins, des grands yeux, des masques, des bonnets d’ânes qui nous regardent etc. Une foule disparate, - à la fois tendre et un peu bizarre - de représentations en attente d’une mise scène à venir afin que se révèle de nouvelles chimères.
Paradoxalement, l’unité déployée émerge d’une combinaison de médiums prolongeant le processus d’expérimentation : un mixage nécessaire aboutissant à une collaboration avec deux autres artistes renforçant l’idée que rien n’est fixe, tout est en mouvement, en progression, en évolution, nous, la terre, les idées et surtout notre capacité d’imagination.
Pour Synapse(s), Katia Orlandi a confié ses dessins à Sophie le Meillour, artiste visuelle transmedia dans le but de les animer en se servant du mapping afin qu’elle offre à la fresque une nouvelle interprétation organique et virtuelle. Simone Aubert, artiste pluridisciplinaire, compositrice et multi- instrumentiste signe une partition sonore brute dont les références au minéral et à l’organique se ressentent car l’expérience sensorielle ne serait pas complète sans l’apport indispensable du son et de ses vibrations. Ainsi créés, les différents espaces communiquent sans évidence mais avec subtilité pour que nous puissions nous laisser flotter dans Halle Nord où le flux du Rhône avec ses molécules d’eau qui coulent sous nos pieds (consciemment ou inconsciemment) n’est pas sans importance.
Revenons finalement à l’installation avant de se laisser porter par les différents courants : une foule de petits dessins d’une cosmogonie fantastique deviennent papier peint sur le mur où certaines formes sont redécoupées et recomposées. Des figures en peinture fluo s’ajoutent directement sur la tapisserie éclairée en alternance par une lumière UV. Les décalages provoqués modifient les assemblages graphiques de la fresque longue de quinze mètres. Le mapping en projection sur le mur déjà habité d’images les régénère en vue d’une libre association aux rythmes et aux sons qui émergent. L’intégration est à bout touchant puisque plusieurs gardiens sans visage en forme d’oeil géant veillent au bord de la fresque sur la transformation des rêves proposés.
Pascale Favre
mardi - samedi 14h/18h
capsules visibles 24/7 depuis le passage des halles de lîle