Viola Poli est née dans un village de 450 habitants dans le Tessin. Elle a vécu au bord du lac et au milieu des rivières et des montagnes, un décor où le silence devient un trait de personnalité et la rivière un outil par lequel elle se régénère. On a dit de son travail qu’il était post-apocalyptique. Je réfute ce terme, trop plaqué, mal senti. Son œuvre est paysage, ou du moins, reconfiguration d’un paysage mémoriel à partir de la peau comme membrane sensorielle, perceptive et un espace de données. Le fait que Viola Poli traite de peaux en employant de la cire nous permet de nous situer du côté de la mémoire autonome. Une terre foulée, une rivière empruntée donnent lieu à des gestes qui tentent de renouer avec des sensations de paysages, toujours en transformation. Et ainsi, l’artiste parle d’elle-même, de ses émotions, des cycles de vie et de ce retour à la terre auquel nous ne croyons plus. Dans cette croyance déchue, dans l’acceptation d’un corps traversé par les microparticules du monde, se posent les questions du seuil et de la relation : que voulons-nous, que pouvons-nous faire rentrer chez nous, dans notre maison corporelle ?

— Extrait du texte de Julia Marchand