ouverture jeudi 4 mars entre 16h et 18h
DOUZE MILLE VINGT
L’utopie en corps, au son de la pleine conscience
Et si, dans un très lent processus d’évolution, l’humanité ne faisait plus qu’un seul corps avec son environnement ? Un corps sensible, capable de percevoir l’invisible, de communiquer avec les espèces qui partagent son existence et d’accorder les battements de son cœur au rythme des plantes, des animaux ? DOUZE MILLE VINGT situe le corps dans un futur réconcilié, à dix mille ans d’ici, dans une ère holistique où chacun.e serait capable de vibrer avec le monde à travers une écoute sensible du vivant.
Conceptualisant un espace sonore utopique, Julie Semoroz explore l’idée d’une adaptation positive et harmonieuse de l’être humain à la nature. Dans une perspective body augmented, où la technologie se lie au corps, l’artiste met en scène un dispositif d’écoute en « pleine conscience », diffusant le son à travers le corps, qui permet d’en ressentir physiquement les propriétés. Né de la collaboration avec le Flux Laboratory et le Centre Interfacultaire en Sciences Affectives (CISA) de l’Université de Genève avec le prof. Didier Grandjean au Campus Biotech, DOUZE MILLE VINGT se réfère à l’intéroception - la perception interne du son, champ scientifique largement méconnu - et agit sur la capacité à ressentir l’activité physiologique interne, à percevoir notamment la pulsation du sang dans les veines, le bruit des viscères, le souffle de la respiration, comme autant d’indicateurs des émotions, de l’état corporel. A partir de sons enregistrés – fields recordings, voix humaines et divers vocalisations et sons produits par des animaux - retravaillés et triturés par les soft/hardwares, Julie Semoroz sculpte une matière sonore fertile et organique, un terreau bruitiste grouillant de vie.
Un léger brouhaha – cliquetis et bourdonnements diffus – et une odeur boisée se dégagent de la forêt de planches disposée à la verticale contre la paroi nord. Xyloscille (de grec xylo-, bois oscillant) est une imposante installation sonore qui engage l’ensemble du corps. En appui de tout son long sur les grandes lattes, les vibrations produites par les ondes sonores sont transmises par contact, la douceur et la sensualité de la surface incitant volontiers au toucher, à caresser le bois. L’Arolle du Valais utilisé ici sécrète une odeur aux propriétés hypotensives, qui permettraient de calmer le rythme cardiaque durant le sommeil. Sorte de berceau sonore à la verticale, chaque planche, singulière autant dans son essence que par le geste du menuisier qui l’a façonnée, conduit le son différemment. En retour, le corps plus ou moins alangui fait varier d’intensité l’oscillation du son. Ce corps vibrant de concert avec le bois marque l’empreinte d’un nouveau type de symbiose, de communication inter-espèces, qui rapproche le sujet de l’objet, l’humain du végétal, liés mutuellement par l’onde sonore qui les parcourt.
Basé sur les recherches récurrentes de l’artiste, DOUZE MILLE VINGT s’inscrit dans un processus de travail en cours sur les fréquences sonores et leur champ d’application.
Camille Abele
* Les actuels projets et collaborations de l’artiste tiennent une part importante du projet et sont en constante mutation dû à la crise sanitaire. Des performances, workshops, concerts et discussions auraient dû être présentés au public durant cette période d’exposition, comme autant de fenêtres dans le paysage sonore et vibratoire créé par Julie Semoroz. Afin de garder ces multiples propositions du projet vivantes pour le public et ne pas rester en huit clos artistique, Julie Semoroz a pris la décision de les transformer sous forme de video art et de développer dans le temps cette année des formes de rencontres et de résonances entre installations, workshops, performances et/ou vidéo art, en fonction des possibilités sanitaires.
Partenariat FIFDH + Festival Les Créatives
14-18h du mardi au dimanche - Fermé le 10, 11 et 12 mars
Présence de l’artiste : 6-7 mars 2021 / 13-14 mars 2021 / 27-28 mars 2021