Capsule 2.65

Joris
Guibert

Capsule 2.65

04.09 — 26.09.20
Vernissage: 

jeudi 03 septembre de 16h à 20h

Tableaux électroniques, 2015
Dispositif de composition : caméra vidéo – vidéoprojecteur – correcteur de signal – console vidéo
Format : 16/9 – Couleur - Silencieux

 


« Les réplications et migrations des images, les mutations et multiplications des supports, l’évaporation du numérique, obligent à repenser nos expériences de regards. Interroger le rapport à l’image, la relation aux technologies, la foi dans le visible et dans les techniques de visibilité. Questionner ce qui fait apparition et apparence, où l’image s’incarne et qui permet au regard de se former. »
Cette série de tableaux est composée avec la technique vidéo du larsen optique. Le larsen (feedback en anglais) est un procédé qui met en boucle un signal : ici la caméra filme son propre écran de contrôle, ce qui démultiplie chaque apparition à l’infini et l’amplifie en rétroaction. Le flux lumineux alors généré est manipulable en temps réel ; la création devient littéralement un équivalent électronique du courant pictural Action painting, où le geste et l’immédiateté influent sur la composition autant que sur l’inspiration. Ce « digital action painting » est donc produit en direct, sans aucune image source, et ne subit pas de montage ni de traitement post-production. Le larsen est une des figures esthétiques essentielles qui traversent l’histoire de l’art vidéo. L’image électronique fut à l’origine une technologie de transmission, c’est-à-dire d’instantanéité. Là où le cinéma est enregistrement, discrétisation et montage, l’image vidéo est transmission, modulation et continuité. L’acte vidéo rejoint la maniabilité du geste du peintre, un rapport immédiat à l’image.
L’image est ici composée comme une peinture qui acquiert une temporalité : un motif unique, qui évolue mais ne se transforme pas. L’image n’est pas mouvement mais mouvant. Aucune segmentation ni figure de montage (ellipse, raccord, etc.) ne vient rompre ce continuum ; ce motif n’a pas pour finalité de construire un rapport de temps. L’apparition se module, varie et ondule sans pour autant se métamorphoser.
Ces compositions revendiquent une visualité libre et pure ; un au-delà de la représentation que la peinture moderne a exploré, une musicalité des rapports et des articulations, une perception exorcisée telle que le cinéma expérimental l’a recherchée, une malléabilité et une picturalité de la substance électronique que l’art vidéo a révélée dès l’origine. Peinture fluide et fuyante, couleurs erratiques, lignes instables, produisent un acte de regard intensif et insaisissable.

 


La programmation vidéo 2020 de la capsule 2 a été confiée à Sébastien Escande.
Depuis 2006, Sébastien Escande, connu sous le pseudonyme «Barbapop» organise des concerts, expos, projections DIY à Lyon et ailleurs, publie des fanzines et s’implique dans des collectifs autogérés de cinéma (Météorites), poésie (Moult), micro-édition (Fanzine Camping), ... Depuis deux ans il mène aussi une recherche sur les cultures en marges et a publié le livre «Underground business» en 2019. «Que ce soit une soirée, un festival, un livre, une programmation, il s’agit toujours pour moi de mettre en place des lieux d’échanges, relier les gens qui m’entourent et de faire connaitre les artistes que j’aime.»

Horaires: 

24h/24h depuis le passge des Halles de l'Île