jeudi 7 mars dès 16h
LYNDA, 2024
S'inspirant de l’architecture de la Capsule 1 de Halle Nord - une baie vitrée transformée en vitrine dans une succession de voûtes et d’arcades - Ligia Dias indexe le dispositif de la devanture de magasin. Pour ce faire, le mot « Promesses » est peint à la feuille d’or à la manière d’une enseigne de magasin. Précieux, il contraste avec les objets posés à même le sol. L’ensemble familier mais confus car indistinctement mélangé, est prolongé par sa présentation en vrac qui convoque les gestes sculpturaux radicaux des années 1960, ce que le postminimalisme a appelé le “scatter”, un art de la dispersion.
Comme le fait remarquer Ligia Dias, on y retrouve : « des éléments de mon vocabulaire artistique (…) : des perles, des chaînes, des rubans, des livres, des chutes de productions, des objets trouvés et des rebuts. » Vestiges du passé, héritages, souvenirs bons et mauvais dont l’artiste imagine comme autant de productions à venir. Chaque élément qui constitue cet amoncèlement brillant et informatif est tel un mantra qui conduit sa pratique artistique.
Précédemment, l’artiste a déjoué la façon dont aujourd’hui notre société hiérarchise les objets selon un système de valeur. Elle a récemment présenté ANTONI (2021), un filet de remorque orné de multiples objets précieux ou récupérés qui conjugue le lustre en cristal de prestige et le vide-poche comme fourre-tout. Ou encore ARNAUD (vide-poche) (2020) qui comme nous en informe le titre, serait le ramassis d’artefacts personnels rassemblés en un objet commun qui porte le prénom d’un de ses amis. Avec le dispositif in situ LYNDA qui juxtapose le carton de vrac du marché aux puces et le Luxe, Ligia Dias entrelace le désordre et le précieux, l’équivalent et l’unique, et nous interpelle encore une fois sur la question culturelle de l’organisation sociale des objets, qu’ils soient fonctionnels, décoratifs ou ornementaux.
Ligia Dias est une artiste pluridisciplinaire réalisant autant des œuvres installatives que des bijoux. Par l’appropriation de techniques artisanales et amateures qu’elle ne cherche pas à maîtriser, elle crée des objets familiers par l’assemblage de standards industriels, chutes de ses productions, objets trouvés ou recyclés. Comme a écrit Fabienne Stephan, historienne et critique d'art, à propos des œuvres de Ligia Dias : « Elles nous entourent, nous accompagnent, nous rassurent parfois. Leur utilité est souvent bien plus que simplement matériel. Elles sont chargées de sens évidents pour certains et mystérieux pour d'autres. Elles nous invitent à regarder au-delà de ce qui est vu et d'affranchir les objets de tout critère hiérarchique. Le travail de Ligia Dias se situe entre un idéal Bauhaus et fantaisie postmoderne. Elle vit et travaille à Genève. »
Les capsules sont visibles 24/7 depuis le passage des Halles de l'Ile