Capsule 1.84

Valentin
Merle

Capsule 1.84

09.06 — 01.07.23
Vernissage: 

Jeudi 8 juin dès 16h

Racine carré, 2023
tiges de solidage, pigment de solidage, gomme arabique, gomme de guar

Valentin Merle est un artiste dont la pratique multiforme se déploie dans des installations où se mêlent peinture, sculpture, impression et vidéo.

Son travail, à la manière d’un scientifique ou d’un artisan, aborde des questions de savoir-faire, de reproductibilité, d’écologie et de tradition en explorant les liens entre les mondes culturels et naturels. À travers des peintures et sérigraphies aux formes géométriques, il questionne le sens et le potentiel de la répétition. Réalisées à la manière de schémas, elles proposent une forme d’abstraction qui laisse place aux aléas, imprécisions et variations engendrés par les matériaux utilisés et les processus de fabrication mis en œuvre. Ses installations minimalistes, faites de céramique, de bois, d’objets récupérés ou de dispositifs vidéo, rendent visibles certains détails au premier abord sans importance, mettant en lumière la complexité du processus, la précision de l’observation et l’élaboration d’une couleur, d’une matière ou d’une technique. Sa recherche, patiente, rigoureuse et sensible, témoigne d’une attention au geste, d’une connaissance accrue des médiums utilisés et d’un intérêt pour l’expérimentation.

Pour cette Capsule, il a produit une nouvelle pièce réunissant plusieurs techniques qu’il affectionne particulièrement, comme la production de couleurs végétales, le travail du bois et les techniques d’impression. Une structure faite de tiges de solidage, une plante tinctoriale locale, interagit avec une intervention murale. Le jaune qui colore les cercles a été produit à partir de ses feuilles et de ses fleurs. Répétitives et simples, réalisées avec délicatesse, ces formes créent un halo géométrique enivrant qui fait écho à la sculpture. Les tiges créent un quadrillage régulier en trois dimensions qui paraît léviter derrière la vitre. Cette structure légère tient uniquement grâce à des entailles et des assemblages, évitant astucieusement l'utilisation superflue de vis, de clous, de colle ou de tout autre élément parasite et non-organique pour son maintien. La teinte et l’épaisseur des branches, déterminent leur disposition dans la sculpture, l’auteur ne suivant pas de protocole strict et limitant, mais plutôt une intuition logique. Le résultat semble évident: un pattern de droites verticales rougeâtres croisant les vertes à l’horizontale, se détachant du fond par leur couleur, leur régularité et leur finesse. Une tension se crée entre la géométrie formelle et l’irrégularité des composants naturels.

Alors que l’intervention murale structure et référence, la sculpture ouvre et suggère. De face, le regard des spectateur·x·ice·s effectue une première lecture bi-dimensionnelle de l'œuvre. En s'approchant de la vitrine, il effectue une seconde lecture, tridimensionnelle, constatant le déplacement presque imperceptible des lignes que procure cette action physique. Il peut se laisser absorber dans une contemplation, par le prolongement virtuel des formes au-delà de la capsule, l'œil se perdant entre les niveaux et les couleurs. En déambulation devant la pièce, son attention est captée de manière fugace, lui suggérant une image d’abord statique, qui se déforme dès qu’iels s’en éloignent de quelques mètres par les côtés, comme un trompe-l’œil.

Discrète, vaporeuse et presque ludique, l'œuvre s'approprie le petit volume de la capsule, dans une approche intelligente et personnelle. Se pose encore la question du temps. Celui du travail nécessaire à sa réalisation, celui de sa pérennité, due à son apparente fragilité et aux matériaux naturels qui la composent. Dans une économie extrême de moyens, Valentin Merle démontre une nouvelle fois avec sensibilité qu’on peut faire énormément avec très peu, à condition de mettre du savoir à l’ouvrage. 

Sylvain Gelewski

 

Horaires: 

visibles 24/7 depuis le passage des halles de l’île