Cover the traces - Wild Fiction, Part.1

Joëlle
Isoz

Cover the traces - Wild Fiction, Part.1

12.11 — 04.12.21
Vernissage: 

Jeudi 11 novembre entre 16h et 20h

Des cabanes que construisent les enfants aux « cabanes » construites par les adultes sous prétexte de chasse, de travail, de loisir, de fête, ces espaces dans lesquels on s’abrite, petit ou grand, sont des formes d’habitat temporaire et humble. Lors de ses marches, Joëlle Isoz tombe sur des huttes sommaires en branchages ou d’autres refuges loin des habitations. La pérégrination en montagne, en ville, comme en plaine offre des moments où la pensée vagabonde librement et le regard se laisse surprendre. Sur le chemin de l’artiste, se rencontrent parfois ces ruines semi-urbaines squattées, ces cabanes improvisées, autant de traces du passage de l’être humain, qui la fascinent. Réalisées à partir d’une variété infinie de matériaux – végétaux, bétonnés, bricolés – Joëlle Isoz les collectionne depuis des années. Sans protocole, sur son téléphone, et constitue un répertoire qui alimente progressivement son travail de dessin. 

Parce que la cabane brouille le rapport qui existe entre l’intérieur et l’extérieur, au sens où elle se situe dans la nature et que d’une certaine manière elle en étend indéfiniment l’espace, les dessins de Joëlle Isoz mêlent délibérément différents points de vue qui trompent le regard : documenté et rêvé en même temps, le paysage noir et blanc qu’elle dessine au graphite évite l’écueil d’un rendu trop réaliste au profit d’une vision onirique. Télescopage entre une montagne et une artère d’autoroute, tissu-écharpe ou drap abandonné ? Malgré des airs familiers, l’évidence ne s’imposera pas. Une narration démarre par contre au moment où le regard se perd dans ces strates superposées. Fait avéré, les grands formats présentés pour la première fois dans le cadre de cette exposition permettent une immersion du regard, contrairement aux petits formats intimistes auxquels Joëlle Isoz se cantonnait jusqu’ici. Désormais, elle ose l’amplitude du geste, les grandes lignes, et le jeu avec le fini et le non-fini. « Quoi de plus délicieux et de plus merveilleux que de quitter les lignes régulières de sa personnalité et de bifurquer vers ces sentiers qui mènent derrière les ronces et les troncs d’arbres épais vers le cœur de la forêt, là où demeurent ces bêtes sauvages, nos semblables ? » pour reprendre les termes de Virginia Woolf cités par l’artiste. 

Avec du recul, un effet séquentiel se perçoit entre la vingtaine de feuilles accrochées sur fond anthracite. Rappelant que Joëlle Isoz a le sens de la narration : de l’illustration à l’installation, en passant par le film d’animation, elle a la qualité d’emmener le regardeur dans des histoires. Celle dont il est question à Halle Nord ne connaît ni début ni fin, et les liens entre les compositions se font librement par le pas calme du visiteur qui les contemple. À l’instar de son sujet, la série exprime un goût pour la vie simple, une rupture du temps et de l’espace, une coupure avec le quotidien, un désir d’évasion, rappelant combien ces lieux font partie de ce qui constitue l’enfant enfoui en chacun.e de nous. Le sous-titre annonce une « première partie »… A suivre. 

Karine Tissot

 

Exposition présentée dans le cadre du Festival Les Créatives
Avec le soutien de la Ville de Genève

 

 

 

 

 

 

 

 

Horaires: 

mardi - samedi : 14h/18h